Une rencontre avec Bobby McFerrin & Motion à Freight & Salvage

Ayant la possibilité de prendre l’avion quasi gratuitement jusqu’à mes 26 ans, je me suis offert l’aventure d’aller voir Bobby McFerrin & Motion au concert hebdomadaire du lundi à Freight & Salvage, Berkeley. C’est un peu comme mon chemin de Compostelle.

En arrivant, j’ai réalisé que c’était un lundi spécial puisque Bobby fêtait ses 75 ans le lendemain, le concert à commencé par un « Happy Birthday song » du public. Rhiannon était présente pour l’occasion et Keith Terry, fondateur de la Body Music, a été invité à monter sur scène. C’était magnifique de voir le chant et la body percussion se rassembler ! J’ai été particulièrement touchée par la dimension sacrée et spirituelle de ce concert. Sans connotation religieuse, il y avait simplement une connexion à quelque chose de plus grand, quelque chose qui nous dépasse. J’ai la sensation d’avoir vécu un éveil durant la performance. A la fin, il y a eu un échange avec le public et voilà quelques phrases qui résonnent encore :

  • « Just keep on singing », « Continue simplement de chanter »
    • Lorsque l’on chante, on est simplement en empathie les uns avec les autres
      • Chanter comme une prière
        • « Be weird », sois bizarre
Bryan Dyer, David Worm, Bobby McFerrin, Rhiannon & Destani Wolf – 10 mars 2025

Pendant le concert, Bobby s’est absenté quelques instants et les autres artistes ont invité une personne à monter sur scène. Mon cœur a dit OUIII ! Mais je ne me suis pas levée… Peur, jugement, doute… ! Iels redemandent « Personne ne veut venir ? » OUI, mais je reste là, clouée sur ma chaise. Trop tard, le moment est passé, quelqu’un d’autre y va. J’ai beaucoup regretté et ressassé… Qu’est-ce qu’il se serait passé s’y j’y étais allée ? La prochaine fois j’irais ! J’ai revu tous les moments où je n’y suis pas allée alors que mon cœur disait OUI ! Il n’y a pas eu de prochaine fois, chaque moment est unique. Alors je me suis fait une promesse :  

« Être prête à chanter avec n’importe qui, n’importe où et n’importe quand, en suivant mon cœur et mon intuition. »

Avec un peu de recul, je réalise que les doutes et les peurs sont aussi là pour quelque chose. Elles viennent me parler de tous les endroits que je n’ai pas encore pleinement accepté en moi et que je ne suis pas prête à partager au monde. Cette expérience m’a permis d’ouvrir ma vision de la scène : être sur scène c’est se laisser voir tel que l’on est, c’est accepter toutes ses parts comme étant une simple expression de l’humanité. Être sur scène, c’est un moment de rencontre : une rencontre avec soi, avec les autres performeur.euse.s, le public et avec l’espace.

Peinture réalisée par Adrian Arias durant le concert.
  • La rencontre avec « The Downbeat », la communauté d’improvisation vocale de San Francisco.

Avant de venir à San Francisco, j’ai été mise en lien avec le groupe WhatsApp de la communauté d’improvisation vocal local et un des membres m’a hébergé, ce qui a grandement facilité les rencontres sur place. Sur ce groupe, il y a plusieurs canaux d’organisation et un document accessible qui retrace l’histoire de l’improvisation vocale, donne des ressources et partage les points de rendez-vous réguliers :
Lundi : groupe de pratique de David Worm
Mardi : atelier d’improvisation vocale
Mercredi : jam facilitée par différentes personnes
Les deuxième et troisième Mercredi du mois : les Circlesongs et workshop de David Worm
Ainsi que des évènements ponctuels.

J’ai participé à deux espaces Circlesongs facilités par David Worm.
Au début il ouvrait l’espace avec une Circlesong. Il improvisait, s’amusait, nous offrait son langage, c’était comme une hymne de bienvenue. Il marquait la pulse clairement avec son pied et la gardait tous le long. Puis il invitait les membres du groupe à venir créer des Circlesongs. Avant chaque passage, je revois ses mains former un cercle. Comme une prière, il ouvrait un espace…  Il comparait la création de Circlesongs à une résolution de conflits car « nous sommes en permanence en train de nous réajuster les un.e.s avec les autres ». Pour se retrouver, la base, c’est le rythme. L’enjeu c’est de trouver notre pulse commune. Je le voyais comme garant du rythme commun, prêt à soutenir les personnes au centre si besoin. A la fin, il a invité le groupe à se rassembler pour les manifestations étudiant.es actuelles qui s’opposent à l’interdiction d’employer les mots « Inclusivité », « black » etc. dans les Universités. Cela m’a rappelé que la manière dont on chante et où l’on choisit de chanter est un choix politique. Vive l’Artivisme !

La semaine précédente, Ronaldo Crispim, co-fondateur de Música do Círculo, expert des Body Percussion et animateur des Fritura Livre (les Chants pour Tous Brésiliens) avait donné un atelier au groupe du mercredi. Les Circlesongs étaient teintées de son passage percussif ! J’ai été touché de rencontrer cette communauté pleine d’entrain et ouverte à la rencontre. J’ai envie de continuer de créer des rencontres interculturels et envie de partager tous ça à la communauté de Chant Impro de Toulouse et d’ailleurs 😀

Alors c’est parti ! Je vous partage ici quelques mots sur le Chant pour Tous.tes organisé suite à ce voyage :

Nous étions 10 femmes chantant dehors. Après la création d’un espace de confiance et un rapide échauffement, j’ai introduit la manière dont je ressens les Circlesongs aujourd’hui :

Lorsque je suis au centre et que j’orchestre le groupe (nous le nommerons MC : Master of Ceremony), je suis un canal de la musique qui est déjà dans le lieu. J’ouvre la bouche comme un robinet et je laisse couler le flot des mélodies, des rythmes, des paroles, des émotions. Je crée une boucle sur laquelle je pourrais m’appuyer pour créer la suite de la musique, une fois qu’elle est claire pour moi, je la transmet au groupe et je continue. Durant toute la création, je respire, j’écoute la musique et je me laisse porter par le flow.

Lorsque je suis « choriste » dans le cercle, je fais partie de la création de la musique, la qualité de ma présence change la musicalité globale et les inspirations du MC. Je dis oui aux propositions de la personne au centre et je la soutiens. Dire oui, c’est dire oui à ce que je ressens avant tout et des fois ça veut dire non, j’exprime mes limites. Si il y a des choses proposées par le MC qui ne sont pas dans mon registre, je suis libre de changer la hauteur, d’adapter la boucle, de changer de place. Je suis pleinement responsable de moi-même. Il m’est arrivé de prendre des libertés et de créer moi même des harmonies, des rythmes etc. Peut-être que cela a gêné le MC ? Peut-être que le degrés de liberté des « choristes » pourraient être définis avant le début du cercle ?

A la suite, j’ai crée une Circlesongs puis j’ai proposé différents types de Circlesongs et formes d’improvisations :

  • Circlesongs solo : Une personne au centre du cercle qui orchestre tout le groupe.
  • Cirlcesongs ensemble : Une personne vient au milieu et apporte une modification à la musique puis repart à un endroit différent du cercle. Une autre personne y va etc.
  • Circlesongs duo/trio/quatuor : Vivre un moment de connexion au centre et créer une boucle ensemble puis la partager à l’ensemble du cercle. La suite de la musique est crée par plusieurs MCs en même temps.
  • Co improvisation à base de boucles individuelles
    A tout moment les participantes pouvaient se positionner en témoin et aller au centre pour simplement écouter.
    • Tout ça a sûrement déjà des noms et des théories, je suis curieuse de continuer d’explorer et d’apprendre !

Nous nous sommes déplacées dans différents endroits de l’espace, découvrant les nouvelles sonorités du lieu. La connexion était super et nous sommes vite allées vers des co-improvisations. Après cette expérience de Chant pour Tous « Circlesongs », j’ai envie de proposer un Chant pour Tous « TRADITIONNEL » en m’inspirant de la manière dont il était originellement facilité. Continuer de revenir à la source ! 😀

Merci pour ces espaces de créativités multiples,

Rebecca

PS : Ces derniers mois, je rencontre une profonde joie à chanter et laisser s’exprimer ma voix qui a été un peu bloquée jusque là. C’est dans ces espaces de chant que je me sens la plus vivante, j’ai à cœur de continuer de chanter et de créer des espaces de chant pour tou.te.s.

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1 réponse

  1. Gaël Aubrit dit :

    Merci pour cet article que j’ai eu beaucoup de joie à lire ! Je n’ai pas revu Bobby depuis bientôt trois ans… je t’envie ! 🙏
    Sur la question du degré de liberté pris par les choristes pendant une circlesong, les codes sont différents d’une « communauté » à l’autre. Personnellement quand je donne un stage je clarifie toujours toujours la chose au début, mais quand j’anime un chant pour tous je préfère généralement laisser le flou, pour ne pas trop parler, ne pas trop contraindre, et permettre davantage de diversité. Just my two cents. 🙂
    Au plaisir de te rencontrer, bienvenue dans la famille !!

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