Le silence est d’or – La magie du silence dans l’impro

Hier, suite à une conversation avec d’autres chanteur.euses de mon entourage, j’ai conscientisé qu’une de mes plus belles rencontres dans la pratique du chant improvisé, c’était le silence. Au cœur même de la musique, mais aussi, avant et après.

Une des caractéristiques que partagent tous les contextes dans lesquels j’ai eu le plus de plaisir à chanter, c’est la place laissée au silence, notamment en début, et en fin d’improvisation. Et ce autant dans des contextes de co-improvisation que de Circlesong.

Pour moi, ces deux moments suspendus font partie intégrante de la pratique de l’improvisation vocale. Et ces deux silences là, ont chacun leur texture.

Le silence du début, c’est un silence qui se tisse, qui se construit entre les humain.e.s qui se sont mis d’accord pour partager un moment musical. C’est un moment où l’on prend conscience de la présence de l’autre à un niveau autre que visuel et mental, et où l’on commence à former un “tout”. C’est le moment où le chant, avant même de commencer, devient collectif.

C’est un silence enthousiaste et curieux de ce qui va se passer. C’est un espace dans lequel tous les possibles flottent, attendant qu’un chanteur ou une chanteuse les cueille. C’est tout sauf du vide, où l’on attend docilement que quelqu’un veuille bien nous sortir d’un moment d’ennui, où il ne se passerait “rien”. C’est un moment où chacun s’engage corporellement, et se rend pleinement disponible.

Le silence après l’impro, lui, a encore une autre densité. Quand le son s’arrête, pendant un moment il y a encore une résonnance dans l’air, il y a aussi une résonnance dans le corps, des émotions peut-être. Si on a réussi à trouver une connexion avec ses co-créateurices, la connexion est toujours là et elle est palpable, il lui faut du temps pour se détricoter et laisser la place à une énergie neuve pour la prochaine impro.

Mais tous ces ressentis sont assez subtils, et il leur faut un peu d’espace pour que chacun.e puisse les apprivoiser.

Dans le cadre de la conversation qui a fait émerger cet article, il m’était “reproché” (c’est un grand mot 😉 ) d’essayer d’instaurer ces espaces de silence de manière un peu scolaire et arbitraire. Que de proposer un moment de silence, notamment en fin d’impro, c’était priver les participant.e.s de leur envie spontanée de réagir à chaud à l’impro, de débriefer, d’extérioriser tout de suite.

Mon invitation au silence systématique (et temporaire) avant et après, avait été interprétée comme une forme de rigidité, de volonté de “sérieux”. Alors, on en a discuté et j’ai essayé de faire comprendre mon intention, qui vient vraiment d’une envie de partage de la magie que ces moments là peuvent revêtir. Mais j’ai bien conscience qu’il faut y avoir goûté pour que ça prenne son sens, et que cela peut ne pas être partagé par touste.

J’ai la sensation que le silence fait peur. Qu’il est confondu avec le vide. Avec du rien. Je crois qu’on gagnerait à l’apprivoiser. A se laisser de l’espace à l’intérieur de soi.

En discutant de l’écriture de cet article avec Benjamin, un copain improvisateur de Foix, il m’a dit que pour lui :

“Le silence, c’est un cadeau que l’on se fait”.

Et j’ai envie de vous laisser là dessus.

Jessalynn

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1 réponse

  1. Bravo Jessalynn ! Je suis aussi une grande amatrice de silence … le silence se savoure …

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